Une belle aventure humaine

Publié le par mameriniak

 

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Au Pathé Masséna de Nice, Robert Gatin enchaîne les avant-premières en cet automne traditionnellement chargé en sorties de films, avec comme dernier en date, « On ne choisit pas sa famille », une comédie signée Christian Clavier, présent à Nice avec sa compère, Muriel Robin.

Forcément, l’entretien ne peut être sérieux, ni mollasson, les phrases fusent, les formules s’improvisent, Christian Clavier connaît la musique et Muriel Robin le seconde habilement et judicieusement… comme dans le film qui sort le 9 novembre…

Producteur, réalisateur, acteur, scénariste…

Le pitch du film est simple, un con ou un beauf, comme vous voulez, et une lesbienne, forment un faux couple pour adopter une petite fille en Thaïlande. Sur place, ils rencontrent un médecin français, Jean Reno, très pointilleux et accroc à la morale. Le film est très bien écrit, à l’image de la réplique sur combien de fois font-ils l’amour par mois… Cela fonctionne même si parfois les situations peuvent apparaître convenues. Christian Clavier a tout fait sur le film, le scénario, la réalisation, la production, l’acteur principal…, une manière de lutter contre la frustration qu’il a pu ressentir lors du visionnage de certains de ces scripts, tournés par d’autres. Le coupable d’une telle boulimie ? Jean Reno.

« C’est lui qui m’a encouragé à lui écrire une histoire pour qu’on tourne notre 5e film ensemble » souligne Christian Clavier, aussi naturel en vrai que sur pellicule. Avec son ami et coscénariste, Michel Delgado, avec qui il a écrit « L’enquête corse » ou « L’auberge rouge », ils ont cherché un sujet « sérieux » pour en faire une comédie « avec des scènes irrésistibles ». Christian Clavier le reconnaît lui-même, son scénario c’est du premier degré, « un vaudeville basé sur un comique de situation, le mensonge complique tout et provoque le rire. Je ne suis pas militant, je voulais un vrai sujet d’aujourd’hui ». Encore fallait-il la partenaire idéale pour rendre crédible le tout, et Muriel Robin y parvient aisément. « On ne change pas un mot ni une virgule à un texte de Christian Clavier, c’est un maître… Je ne me permets pas d’improviser car, dans mes sketchs, une virgule déplacée et je deviens folle ». Pense-t-elle à passer elle aussi à la réalisation ?

« Plus je vais faire du cinéma et moins j’aurai peur de ce langage ».

26 plans par jour

Et c’est vrai que le grand public connaît plus l’acteur que le scénariste des « Bronzés » ou du « Père Noël est une ordure », voire des pièces comme « Papy fait de la résistance », « Twist again à Moscou », « Mes meilleurs copains »… Parlons-en des amis. « Le Splendid, c’est ma famille et ça le restera. Après, chacun a choisi son parcours ». Nouvelle venue dans l’univers de Clavier, Helena Noguerra.

« Je l’ai vue et adorée dans "L’Arnacoeur", elle est formidable, très professionnelle ». Ce réalisateur ne se prend pas la tête. « Ce qui m’amuse, c’est de mettre à l’aise les acteurs, qu’ils apprennent par cœur leurs textes pour jouer et aller vite ». Car Christian Clavier est un homme pressé. « On a tourné jusqu’à 26 plans par jour, je fais une ou deux lectures avant, mais je ne répète pas car on ne refait jamais la même prise et la première est souvent la bonne. C’est ce que m’a appris Michel Serrault ». Et l’acteur n’est jamais loin. Il a besoin de faire rire, « c’est une magie extraordinaire ». Il se dit fan de Romain Duris. Alors, est-ce un appel du pied ? La réponse fuse : « On ne fait pas tout par intérêt, sauf dans la presse ». S’il a eu plus de liberté car il a tout fait suite au décès de son producteur fétiche, Christian Fechner, « tout se resserre dans le cinéma maintenant, car tout est plus compliqué, plus cher ».

« Une formidable équipe thaï »

Néanmoins, il a choisi de tourner entièrement sur place, avec des techniciens thaïlandais. « Le pays est très photogénique, l’équipe thaï a porté le film ». A-t-il dû subir les foudres de la censure, notamment pour les scènes dans la prison ? « Oui, effectivement, on a dû passer par un comité de censure. Après, ils vous envoient un observateur qui ne parle pas un mot de français et on vous laisse faire ce que vous voulez ». Pour une première réalisation, le résultat est plutôt bien. Cela est dû aussi à cette extraordinaire petite fille « qui a joué, parlé juste tout de suite, elle nous a scotché ». Ou encore pour ce personnage de sumo dans la prison. « Dans le film, il a une voix métallique, c’est un tueur, alors que dans la vie, il est gentil comme tout ». Neuf semaines de tournage dont sept en Thaïlande, 850 plans, deux caméras pour multiplier les axes et avoir plus de choix au montage, « On ne choisit pas sa famille » est une belle aventure humaine, celle aussi d’un homme orchestre qui adore retrouver sa famille de cinéma…

 

Pascal Gaymard (www.lepetitnicois.fr)

 

 

Publié dans Avant première

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